« Au départ il y a un lieu : une gare désertée où déambulent que quelques passagers en transit. Ces voyageurs sont en attente, joyeuse ou périlleuse, et ne savent ce qu’il adviendra de ce temps qui s’écoule, mort lente ou possible renaissance. Ils reviennent d’un long voyage, retrouvent amis, amant, parents; ils sont sur le point de partir et n’arrivent pas à rompre les liens. Ou peut-être ont-ils délibérément raté leur train. «À l’image du duo pathétique et dérisoire formé par Vladimir et Estragon dans En attendant Godot de Samuel Beckett, [ils] n’accomplissent d’autre voyage que celui qui mène au cœur de l’immobilité1 .» Car cette gare, en fait, est moins un endroit de départs et d’arrivées que le lieu de tous les passages : ce lieu par lequel ces nomades-nés doivent passer pour parvenir là où ils veulent aller, pour parvenir à I. Note tirée du programme. être ce qu’ils souhaitent être… Ce lieu où, pour paraphraser Mallarmé, «tout aura lieu par le lieu». »
Stéphane Lépine
Un compte rendu de la revue Jeu
Numéro 59, 1991, p. 187–189
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